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Et si les animateurs télé apprenaient à prononcer le nom d’Aya Nakamura ? par Coline Clavaud-Mégevand
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3 minutes
Publié le Vendredi 16 Novembre 2018
Si Aya Nakamura cartonne dans les charts avec son deuxième album "Nakamura", sorti début novembre, certains médias ont du mal à retenir son nom exact. De quoi énerver ses fans, mais aussi, toutes celles et ceux dont le nom est écorché parce qu’il ne sonne pas "gaulois"…
Le 10 novembre dernier, Aya Nakamura était nommée aux NRJ Music Awards dans la catégorie chanson francophone de l’année, et interprétait son tube Djadja sur scène. Pas de chance, en plus de repartir bredouille, l’artiste a vu son nom écorché par deux fois. D’abord, par Nikos Aliagas, qui l’a appelée "Yaka Nakamura", puis par la chanteuse Lio, qui lui a donné du "Ava Nakamura". Rebelote sur Twitter, où le compte du magazine Public l’a désignée sous le nom d'"Ayana Kamira" durant le live-tweet de la cérémonie, puis sur M6 quelques jours plus tard, où elle est devenue "Nakamura". Le pompon : en mettant en ligne le replay de sa performance aux NRJ Music Awards, TF1 a titré la vidéo… "Aya Nakamara".
Nikos Aliagas hier dans NRJ music Awards au lieu de dire " Aya Nakamura " il a dit " Aka Nakamura " je croit que ça ne lui a pas plus ???? pic.twitter.com/moiEZQSGEu
— SIMPLE PERSONNE ❕ (@IMdl10) 11 novembre 2018
Mais c'est prononcer un prénom à trois lettres qui le dépasse. https://t.co/K1kytLLkDw
— Esther Le Bulldozer (@Lebulldozer_) 11 novembre 2018
Si la chanteuse a exprimé son légitime mécontentement sur Twitter, Matthieu Delormeau a estimé dans Touche Pas à Mon Post que l’artiste était excessive, et a appelé à un peu de modestie de sa part car elle n’est pas "Elton John non plus". Des propos qui ont reçu l’approbation de l’animateur Cauet, pour qui ce nom "n’est pas facile à prononcer", ainsi que de milliers d’internautes, qui jugent que tout le monde peut écorcher un patronyme… Sauf que pour les défenseurs d’Aya Nakamura, ces erreurs à répétition montrent un certain mépris pour l’artiste, malgré les 2,4 millions d’écoutes de son nouvel album 24 heures après sa sortie et les records qu'elle enchaîne à l'échelle européenne. En cause, selon eux ? Son genre musical, les musiques urbaines étant déconsidérées par les élites médiatiques. Mais aussi le fait qu’elle soit une artiste noire, née au Mali et ayant grandi dans un quartier populaire de Saint-Denis, autant de critères qui en font un OVNI sur les plateaux télé français.
Déformer les prénoms à consonance « étrangère » est une forme de mépris. On l’a vécu toute notre enfance et notre scolarité. Et là Nikos appelle Aya, Yaka Nakamura, après que le magazine public l’ai appelé Ayana Kamira. Looool. pic.twitter.com/gpdH8mHXAn
— Coumbis (@ItsHopeLowie) 10 novembre 2018
Vs ne pouvez (voulez) pas comprendre parce que votre prénom n’a sans doute jamais été source de moquerie. Un prof n’a jamais dit « rolala je vais jamais retenir ça » en citant votre prénom en classe, vous n’avez jamais laissé les gens écorcher votre prénom par flemme de relever.
— Coumbis (@ItsHopeLowie) 10 novembre 2018
"S'ils ont appris à dire Tchaikovsky, Michelangelo et Dostoevsky, ils peuvent aussi apprendre Uzoamaka ». Cf le manque de respect total pour @AyaNakamuraa hier soir aux #NMA2018 https://t.co/Tvv0Y3W5iQ
— Dan Hastings (@DanHastingsN) 11 novembre 2018
Sur Twitter, des personnes dont les noms d’origine étrangère sont perpétuellement écorchés ont témoigné à leur tour, appelant les "Pierre", "Sébastien" et autre "Claire" à comprendre ce qu’on ressent quand un élément constitutif de son identité est déformé, voire moqué (quand il n’est pas synonyme de CV écarté ou de location d’appartement refusée). D'autres ont relevé que la polémique intervenait deux mois seulement après les attaques d’Eric Zemmour contre Hapsatou Sy et son souhait que les enfants français portent des prénoms issus du calendrier grégorien. Preuve, s'il en fallait, que la question du patronyme n'est pas anecdotique pour celles et ceux qui appartiennent à une population stigmatisée en raison de ses origines.
Pendant que les débats faisaient rage, les charts, eux, vivaient leur vie, voyant grimper le single Copines en première place, tandis qu'outre-Atlantique, le prestigieux magazine The Fader publiait un portrait intitulé "Aya Nakamura bouleverse les règles rigides de la France, et en beauté". De quoi pousser les médias à retenir (enfin) son nom, à défaut de s'interroger sur les enjeux autour de son identité.
Classement Top Singles (Ventes + Streaming) :
— Aya Charts (@ayacharts) 12 novembre 2018
1 - Copines
3 - La Dot
4 - Sucette
6 - Oula
8 - Pompom
10 - Djadja
12 - Pookie
13 - Ça Fait Mal
15 - Whine Up
18 - Gangster
21 - Faya
35 - Gang
40 - Dans Ma Bulle
Bravo @AyaNakamuraa ! ???? pic.twitter.com/BuUDdEPbJN