L'époque en live
"Bulles" pour héberger les SDF : et si l’idée n’était pas si pourrie ? par Tess Annest
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Suite à la Nuit Solidaire du 15 février 2018, la mairie de Paris vient d'annoncer la construction de "bulles" pour offrir un toit aux plus démunis. Et a déclenché un bad buzz peut-être pas si mérité…
Les chiffres n’ont rien de réjouissant : suite à la Nuit Solidaire, une initiative citoyenne menée à Paris pour alerter sur le sort des SDF, plusieurs associations affirment que 3000 personnes dorment dehors toutes les nuits dans la capitale. Parmi elles, deux tiers de 25-54 ans, 88% de femmes et près de la moitié des concernés qui y vivent depuis plus d’un an. La faute aux centres d’hébergements d’urgence bondés et aux lignes téléphoniques complètement saturées, qui découragent les sans-abris de demander une place. Une situation qualifiée d’"urgence absolue" par la mairie de Paris, qui a annoncé dans la foulée la création de "bulles", disposées un peu partout dans la capitale. De quoi susciter des critiques, les internautes s’interrogeant sur l’utilité réelle du dispositif, mais aussi sur ses modalités.
chère madame @Anne_Hidalgo : les bulles c'est de l'air dans une coquille vide !
— pouki gwen (@poukigwen) March 21, 2018
aucunement besoin de nouveaux outils il suffit de bien vouloir appliquer la loi de réquisition.
faut-il vous rappeler le nombre de locaux vacants en Ile-de-fRance ?https://t.co/V4lpOUlQ3M
Génial ????
— Taximhaz (@Maximhaz) March 21, 2018
Va-t-on en installer dans les beaux quartiers aussi ? https://t.co/D2o7UYn8RV
Des bulles, vraiment ?
Mais pour Eric Pliez, président du Samu Social de Paris, même si le terme de "bulles" n’est pas bien choisi, elles ont une utilité. "Elles font office de solutions de proximité, explique-t-il. L’idée, c’est que les personnes y passent provisoirement. C’est une passerelle vers de l’hébergement durable".
Même discours du côté de la Fondation Abbé Pierre : selon Christophe Robert, directeur général de l’association, "c’est une solution temporaire, bonne à un instant T". Qui ne résout pas tout… "Le problème aujourd’hui, estime-t-il, ce n’est pas tant les bulles, mais bien notre façon de faire. En 2018, on continue à gérer le problème "au thermomètre", c’est-à -dire qu’aux beaux jours, la plupart des hébergements d’urgence ferment" – cet hiver, 20 000 places supplémentaires avaient été ouvertes. Résultat : si les bulles fonctionnent de la même manière que les centres d’hébergement, elles ne régleront pas la situation.En 2018, on continue à gérer le problème "au thermomètre", c’est-à -dire qu’aux beaux jours, la plupart des hébergements d’urgence ferment
Des solutions qui durent
Mais alors, vers quel type d’hébergement se tourner ? "Si on a un peu de temps, tout est faisable", affirme Eric Pliez, du Samu Social. En plus de construire plus de logements sociaux, la solution la plus viable serait selon lui de transformer les m2 de bureaux vides en logements. "Ça nous prendrait 3 ans seulement", assure-t-il. Mais pour la Fondation Abbé Pierre, tous les bureaux ne sont pas facilement transformables. "Parfois, ça coûte très cher, juge Christophe Robert. Nous proposons plutôt de mobiliser du logement privé à vocation sociale, c’est-à -dire de permettre à des propriétaires privés de louer leur logement à bas prix, mais en ayant une garantie de l’Etat". Qui doit plus que jamais se saisir du dossier.
Toute la Nation, jusqu'aux plus fragiles ? Ok. Chiche... https://t.co/NmmEWG7jeN
— FondationAbbéPierre (@Abbe_Pierre) 31 décembre 2017
Que fait Macron ?
La suite à donner au projet "bulle" ? Une action politique d’ampleur de la part du gouvernement, que les assos jugent sur la bonne voie. On se souvient pourtant que, le 30 janvier dernier, le secrétaire d’État à la cohésion des territoires Julien Denormandie avait évoqué "une cinquantaine d’hommes isolés en Île-de-France [qui dorment dehors]" – une estimation ridicule qui avait fait grincer les dents des citoyens engagés auprès des SDF. Mais le 30 mars prochain, l’équipe Macron annoncera les mesures du plan national "Logement d’abord", ainsi que les villes qui seront concernées en priorité. "En attendant, on opte pour les hébergements d’urgence, mais il y a une réelle transformation politique qui est en train de s’opérer", juge Christophe Robert. Il était temps : entre 2001 et 2012, le nombre de sans domicile fixe a augmenté de plus de 50%.