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"True Detective" : avec la saison 3, la série a retrouvé son mojo par Emilie Semiramoth
Publié le Mardi 15 Janvier 2019
Acclamée par le public et la critique en saison 1, "True Detective" a ensuite fait un four avec sa saison 2. Alors que tous nos espoirs s'étaient presque envolés, voilà que cette saison 3 fait un retour en force inattendu. Oserait-on même dire que celle-ci est plus puissante que la première...?
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L’affaire de toute une vie
La disparition de deux enfants le 7 novembre 1980 – aussi le jour de la mort de Steve McQueen – va bouleverser toute une communauté dans la région des Ozarks dans l'Arkansas. L'inspecteur Wayne Hays, incarné par le magnétique Mahershala Ali, mène l'enquête accompagné de son coéquipier (le monolithe Stephen Dorff). Mais sa vie entière va basculer dès le jour où cette affaire lui est confiée. On le retrouve sur trois périodes de sa vie, étalées sur plus de trois décennies. Le moment de l'enquête quand il est inspecteur de police, de retour de la guerre du Vietnam. Dix ans après les faits, alors qu'un nouvel élément, digne d'un rebondissement romanesque, relance l'enquête. Et en 2015, quand une journaliste vient l'interviewer sur cette affaire qui le hante toujours alors qu'il accuse de sévères pertes de mémoires.
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Retour aux sources
Par bien des aspects, le motif de cette saison rappelle celui de la première. C’est comme voyager dans un univers parallèle avec quelque chose d’étrangement familier mais en même temps, sensiblement différent : une autre région hostile et oubliée, un duo d'inspecteurs liés par un profond respect malgré certaines tensions, une forme de ritualisation de la scène de crime et bien sûr un récit éclaté dans le temps. Nic Pizzolatto, le créateur, tire ici le meilleur parti de ce dispositif car les allées et venues dans le passé et le présent ne se font pas tant au gré des avancées de l'enquête que du surgissement des souvenirs du protagoniste et de ses troubles de mémoires. Ainsi, on ne sait pas toujours à quoi se fier, tout comme Hays qui, dans ses vieux jours, ne peut plus compter sur lui-même pour trouver le point final à cette histoire.
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La saison 1 en (presque) mieux
Si la réalisation est de qualité – avec plusieurs réalisateurs comme à l’accoutumée dans les séries – on regrette malgré tout la patte de Cary Fukunaga qui avait magnifié la saison 1. Quelques langueurs çà et là viennent parfois éparpiller le récit. Ce ne sont que des défauts mineurs au regard de la puissance de cette histoire et de ce personnage central, aussi déterminé à résoudre cette affaire que tourmenté par son horreur énigmatique. Il s’impose comme la colonne vertébrale de cette saison. Taiseux, le regard d’aigle, il émane de lui une intransigeance et une certaine rectitude assez fascinantes. Une ombre passant dans le regard de Wayne Hays vaut bien dix tirades de Rust Cohl (Matthew McConaughey dans la saison 1). Les laïus à teneur métaphysique de ce dernier en avait séduit quelques un.e.s mais en avait aussi plongé d'autres dans un semi coma. La série semble aussi s'être épurée des oripeaux racoleurs de la première saison : plus de corps de femmes nues et mutilées, plus de scènes de sexe totalement gratuites et vouées à ne satisfaire qu'un regard masculin hétéronormé. Reste à voir si les derniers épisodes – que nous n’avons pas pu voir – tiennent bien leur promesse.
Une série créée par Nic PIzzolatto avec Mahershala Ali, Stephen Dorff, Carmen Ejogo… Dès le 14 janvier en US+24 à 21h sur OCS City.