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"Dirty John" : Eric Bana fait peur dans la version adulte de la série "You" par Emilie Semiramoth
Publié le Lundi 25 Février 2019
Considéré comme la version adulte de "You", "Dirty John" – adaptation du podcast du même nom lancé en octobre 2017 par le "Los Angeles Times", lui-même adapté d'un fait divers – raconte la manipulation d'un séducteur qui a su embobiner une riche quinquagénaire.
© Bravo
Quand la réalité dépasse la fiction
Si l'histoire n'était pas vraie, on aurait peine à y croire. Debra Newell (parfaite Connie Britton), la cinquantaine pimpante et décoratrice fortunée, cherche désespérément l'amour après quatre mariages ratés et trois enfants devenus grands. Quelques rencontres en lignes et dîners lénifiants plus tard, elle fait la connaissance de John Meehan (Eric Bana tout en double jeu), anesthésiste, qui vient la chercher chez elle en bermuda et t-shirt informes. Très BCBG mais pas guindée, elle voit avant tout un homme charmant au-delà des apparences. Contrairement à sa fille qui le prend pour un livreur avec un air horrifié. Prévenant et à l'écoute, John conquiert le cœur de Debra en un clin d'œil. Il ne leur faut pas plus de quelques semaines pour emménager ensemble et se marier dans la foulée. Un vrai conte de fée... a priori. Sauf que John n'a rien du prince charmant. Peu à peu, Debra commence à découvrir l'horrible personnage qui l'a ensorcelée. Passé trouble, prison, addiction... le beau John n'est autre qu'un menteur manipulateur, un spécialiste de l'arnaque sentimentale à la recherche d'une femme riche à déposséder.
© Bravo
Soap, ascendant thriller
Diffusée à l'origine sur la chaîne câblée Bravo – connue notamment pour sa télé-réalité The Real Housewives – Dirty John reprend les codes de soaps type Les Feux de l'amour, mais amélioré, avec ses décors opulents et sa réalisation impersonnelle. Les rôles secondaires, notamment les filles de Debra, pourtant interprétées par les excellentes Juno Temple et Julia Garner, sont cantonnées à une caricature de gamines snobs et insupportables. Difficile à ce compte-là de se prendre au jeu. C'est quand la personnalité toxique de John se révèle que la série prend une dimension nouvelle. Le thriller prend le dessus sur la subtilité de bulldozer qui s'était mise en place. La réalisation se fait plus nerveuse, le montage plus tendu. Le jeu d'ombres et de lumières s'affiche enfin à l'écran pour illustrer la dualité et la manipulation de ce John.
Si la production reste malgré tout assez conventionnelle, ce sont surtout les interprétations de Connie Britton et Eric Bana qui font toute la différence. L’actrice rend justice à Debra en n'en faisant pas une simple idiote qui s'est laissée charmer par le premier bellâtre venu. Elle montre à la fois sa vulnérabilité mais aussi sa force et son courage pour se sortir de ce piège. Au même niveau, Eric Bana compose un homme machiavélique et dangereux qui ne cesse de changer de visage. La série s'applique à décortiquer son mécanisme pour ferrer ses victimes, les isoler de leur entourage et les envahir jusqu'à les étouffer complètement. Si au départ, on peut penser que tout est trop gros pour être crédible, on se laisse prendre dans l'engrenage, suspendu à ce duo dont on ignore si l'un ou l'autre va en ressortir intact.
"Dirty John", une série créée par Alexandra Cunningham avec Connie Britton, Eric Bana, Juno Temple... Disponible depuis le 14 février sur Netflix.