
"Dark" : pourquoi on est accro au thriller de Netflix
"Dark" : pourquoi on est accro au thriller de Netflix
Publié le Mercredi 20 Décembre 2017
Pour sa première création allemande, Netflix réussit un coup de maître. "Dark", un thriller teinté de science-fiction, ne recule devant rien quitte à paraître sombre et exigeant. Passé une introduction (un peu trop) classique, il détient sans qu'on s'y attende tous les atouts pour être la sensation de cet hiver.
© Netflix
Un air de déjà vu
2019. Winden, une petite ville allemande au charme anxiogène, abrite une centrale nucléaire. Des affiches d'un ado disparu bardent les rues. Quelques jours après, c'est Mikkel, 11 ans, qui disparaît au cours d'une virée nocturne dans la forêt avec son grand-frère et ses amis. Fait étrange, 33 ans plus tôt, une autre disparition d'enfant avait traumatisé la ville. Jusque-là, rien de bien original. Dark s'affiche comme un énième thriller, à l'esthétique léchée certes, mais somme toute assez banal. On reconnaît une ambiance à la Twin Peaks dans cette petite ville isolée en bordure d'une forêt inquiétante et le pitch fait inévitablement écho à Stranger Things et Ça de Stephen King. Si on y retrouve un savoir-faire à la manière du Nordic Noir (du type The Killing ou Broadchurch), on peut facilement se laisser déstabiliser par l'approche des premiers épisodes : l'impression d'être pris au piège par une histoire trop souvent vue et revue, une belle photographie mais très sombre et dépressive, et enfin une foison de personnages qu'on peine à identifier dès le départ. Mais la recette s'avère suffisamment efficace pour piquer notre curiosité et parvient à faire décoller l'histoire dès la fin du deuxième épisode.
Une influence très "Lost"
Sans tout dévoiler de l'intrigue – de toute façon bien trop complexe pour être résumée en quelques lignes – Dark va voyager dans le temps en jonglant avec les trames narratives avec une dextérité déconcertante. Comme Lost quand la série était à son meilleur niveau. La question de la temporalité se situe d'ailleurs au cœur de l'action, une affirmation révélée dans la bande-annonce de but en blanc : "La question n'est pas où, qui, comment mais quand". C'est là que ce drame trouve sa singularité, en voyageant dans le temps, à différents moments-clés de la vie des personnages. Inutile de préciser qu'il faut payer attention à chaque détail, voire même prendre quelques notes pour les plus férus tant l'intrigue se complexifie au fil des épisodes. Dark ressemble à un puzzle, dont le nombre de pièces semble augmenter au fur et à mesure.
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© Netflix
Une mythologie foisonnante
Il y a quelque chose de renversant à observer ces vies se heurter à l'inflexibilité du temps. La série prend une dimension métaphysique quand certains de ses personnages en viennent à se demander s'ils sont maîtres de leur destin, s'ils peuvent avoir une quelconque influence sur celui-ci ou si tout est déjà écrit d'avance. Les créateurs (Baran bo Odar et Jantje Friese) parviennent à une authenticité bouleversante dans la façon de dépeindre leurs protagonistes. Ici, le mélange des genres joue beaucoup dans la complexité aussi bien de l'histoire que des personnages, qui sont très loin d'être unidimensionnels. Ils se retrouvent confrontés à des questions philosophiques qui nous ont tous traversés un jour et qui continuent de faire débat. En passant de la série teen au thriller, avec des détours par la tragédie familiale et le drame existentiel, Dark – la bien nommée – est bel et bien une série en quatre dimensions où l'espace-temps sert de clé de voûte ; elle fait partie de celles qui interrogent notre propre existence, en formant un brillant casse-tête.
Dark, saison 1, depuis le 1er décembre sur Netflix
Emilie Semiramoth