Cinéma
"Jusqu’à la garde": un film puissant et terrifiant
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Un couple se dispute la garde son fils unique. Sur le papier, c’est pénible, hein ? Et pourtant, le film de Xavier Legrand est non seulement passionnant, il est d’utilité publique.
Rien que d’y penser, on en a encore des frissons dans le dos : des coups de sonnettes dans la nuit, puis le silence assourdissant, et le bruit d’une porte d’ascenseur qui s’ouvre… Qui est le (la) dingo, dans cette histoire de couple ? On cherche des indices dès la magistrale scène d’ouverture où face à une juge (l’excellente Saadia Ben Taib, la maman du héros mourant dans les 120 battement par minute), deux avocates donnent, chacune son tour, de bons arguments pour défendre leur client(e) assis à leur côté.
Notre esprit binaire va de Myriam à Antoine. On prend tantôt partie pour elle, murée dans le silence, tantôt pour lui, un costaud pataud qui coule des regards de chien battu vers son ex-femme. Le talent du réalisateur Xavier Legrand est de nous rendre sympathiques ses deux anti-héros, de nous envoyer sur de fausses pistes - ah c’est lui qui… ah c’est elle qui… - puis de distiller la terrible vérité au détour d’une phrase, d’un geste. Sublimé par un travail exceptionnel sur le son, le film prend son inexorable envol pour nous envoyer très loin dans la folie d’un être humain. Jusqu’à la garde, Grand Prix du jury au festival de Venise 2017, c’est un peu comme si Kramer contre Kramer, avec Meryl Streep et Dustin Hoffman rencontrait Shining, avec Jack Nicholson et Shelley Duval. Avec enfin, un rôle à leur mesure, Léa Drucker et Denis Ménochet entrent dans la cour des grands. Face à eux, un petit garçon formidable : Thomas Gioria qui parvient si bien à exprimer son désespoir à l’écran qu’on a de la peine pour lui. Si le film était projeté dans tous les lycées, voilà qui donnerait des indices sur qu'on ne devrait jamais supporter dans l'intimité du couple. En termes plus explicites : la violence conjugale.
Jusqu’à la garde, de Xavier Legrand, sortie le 7 février
Erick Grisel